Elena Ferrante, obstinément sous le masque
Par Florence Noiville
Dans L’Art du roman (Gallimard, 1986), Milan Kundera rêve d’un monde « où les écrivains seraient obligés par la loi de garder secrète leur identité et d’employer des pseudonymes ». Il n’y voit que des avantages. L’un d’entre eux étant « la limitation de la graphomanie » (qui consiste à « imposer son moi aux autres »). Un autre, « la disparition de l’interprétation biographique d’une œuvre », cette manie si contemporaine de tout ramener à la vie supposée réelle de l’écrivain, alors que, comme le disait souvent aussi Isaac Bashevis Singer, « c’est l’œuvre qui compte, pas le bonhomme ».Elena Ferrante exauce ce rêve on ne peut mieux. Son premier ouvrage, un thriller familial aux glaçants rebondissements, est sorti en Italie en 1992. Il s’appelait L’Amour harcelant (Gallimard, 1995). Depuis lors, relativement peu de livres ont paru. Elena Ferrante a attendu dix ans avant de publier son deuxième roman, Les Jours de mon abandon (Gallimard, 2004), le récit étonnamment puissant d’une humiliation conjugale, puis quatre de plus pour le suivant, Poupée volée (Gallimard, 2009). Voilà pour la graphomanie : cet auteur ne semble publier que ce qui relève d’une nécessité.
Quant à son identité, elle demeure, depuis près de vingt-cinq ans, le secret le mieux gardé de la vie littéraire italienne. Qui est Elena Ferrante ? Une femme ? Un homme ? Les deux ? Mystère. Tout juste sait-on qu’il s’agit du pseudonyme d’un écrivain italien, sans doute originaire de Naples, et qui vivrait désormais…
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